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Abstraction
Processus qui transforme le réel* observé en un bidule virtuel censé le représenter : un mot, une image, une information, un concept, une théorie. Ainsi est créée une représentation mentale d’un élément du monde réel. Il est fondamental de comprendre et d’accepter que celle-ci n’est plus le réel. Évoquer le réel par des mots, des images, des concepts n’est plus le réel.
Une abstraction se construit en exploitant trois procédés :
- la simplification induite par le cadre de référence choisi par l’observateur,
- la sélection de quelques propriétés,
- la généralisation qui à partir des propriétés retenues permet de rattacher un objet réel particulier à une catégorie déjà connue.
Exemple : dans son cadre de référence, le botaniste qui veut identifier une plante va retenir des caractéristiques physiques et pour simplifier va négliger la dimension artistique. Il sélectionne quelques propriétés, la couleur, la forme des pétales et des feuilles, la hauteur de la tige. Il va rattacher la fleur rouge particulière repérée dans un champ de blé à une catégorie générale : les coquelicots, un herbacée appartenant au monde végétal.
Penser la complexité exige de privilégier l’examen du lien, créé par l’observateur, entre l’objet réel et le bidule construit par l’abstraction. L’auteur avait une intention et une position particulière, donc un point de vue* qui l’ont amené à retenir certaines caractéristiques de l’objet réel et à en omettre d’autres. Le réel ne pourra jamais être fidèlement et globalement représenté par des abstractions, il faut alors renoncer au mythe de l’élucidation totale de l’univers et accepter que la réalité évoquée par l’homme de la rue n’est pas le réel.
Le chemin qui a permis de construire l’abstraction doit parfois être parcouru en sens inverse. Ce retour à l’élémentaire* – le primaire, l’originel – est à distinguer de l’injonction d’aller à l’essentiel qui n’est qu’une abstraction particulière privilégiée dans certaines circonstances, étroitement liée à une culture.
“Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel que dans toute notre philosophie” William Shakespeare
“Les hommes, déformés par les abstractions, disposent de plus de moyens pour se haïr que pour s’aimer” Claude Mettra
“L’abstraction, c’est la mort de l’éthique, parce que l’éthique est une relation vivante avec la vie qui veut vivre” Albert Schweitzer
- Cf 7.1 La face cachée de la théorie des bidules / La carte et le territoire