Weltanschauung


La traduction littérale de ce concept utilisé par les philosophes allemands du 19e siècle est « point de vue sur le monde » ou « regard sur le monde ». Il se distingue d’une « conception du monde » qui est un objet intellectuel, un regard passé dans la moulinette de notre « machine universelle à comprendre ». Il ne se prétend pas plus objectif qu’une conception du monde mais pose d’emblée la question de l’endroit d’oú l’on regarde, c’est-à-dire du prisme déformant appliqué.

Pour illustrer l’intérêt de l’approche par le « point de vue », j’utilise l’histoire suivante :

Depuis la maison où j’ai passé mon enfance on observait le château médiéval du Haut Koenigsbourg situé sur un sommet arrondi (semblable au ballon vosgien). Plus tard en partant vers le nord, à hauteur de la petite ville de Sélestat, j’ai vu ce même château perché sur une montagne ressemblant à un pic alpin. J’ai imaginé les débats, peut-être disputes entre les habitants de ces deux villes, leur point de vue isolé était incontestable, à leurs yeux c’était une vérité. Les conceptions d’un plan pour attaquer le château allaient être très différentes, aujourd’hui encore les marcheurs s’équiperont de chaussures très différentes pour gravir cette même montagne.

Il est clair que le regard porté sur une même réalité est fonction de l’endroit d’où je regarde (point de vue). Le point de vue dépend du lieu géographique où je me situe mais il est aussi l’héritage de mon histoire au moment où je regarde et de beaucoup d’autres facteurs qui sont autant de prismes dans mon regard. 

Privilégier l’approche par le regard sur le monde permet de comprendre et respecter la diversité des points de vue et d’affirmer que « la vérité est dans l’union de vérités séparées » (Edgar Morin). Par la suite l’effort de conceptualisation indispensable n’en sera que plus pertinent et plus riche. 


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