FOCUS
Sous son angle biologique la vie peut être appréhendée comme un système non-finalisé, ouvert sur son environnement, fait d’éléments en interaction qui s’auto-organisent et sont capables de se multiplier et de s’adapter en permanence.
L’interaction est à mon sens la propriété la plus pertinente pour caractériser la vie. Elle exige l’ouverture réciproque des éléments entre eux pour rendre possible l’échange d’informations et d’énergie. Elle a pour conséquence la complexification qui permettra l’émergence de la vie puis l’apparition de l’Humain. Dans les processus qui ont permis l’apparition et le développement de la vie, il est intéressant de noter que le hasard et les contraintes du moment ont joué un rôle primordial. Ces processus n’ont pas été déterminés par une cause extérieure ; dès l’origine, la vie a été une aventure (suite de péripéties et rebondissements) au cours de laquelle l’adaptation aux contraintes et la coopération entre les éléments ont autorisé la poursuite.
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L’histoire démarre il y a environ 3,8 milliards d’années, peu après la formation de notre planète, la Terre il y a 4,5 milliards d’années. Dans un environnement qui nous serait insupportable, vraisemblablement au fond des océans, dans de l’eau plutôt chaude un bouillonnement de molécules chimiques va donner naissance à des macromolécules complexes. Dans cet univers agité, se produit alors un évènement qui n’a pas de cause apparente ou connue à ce jour : l’apparition d’une membrane qui va enfermer des molécules complexes et former ainsi une cellule. Il ne s’agit pas d’une évolution mais d’une rupture, car dans cet univers agité la matière chimique inerte vient de donner naissance à la vie. Le mouvement caractérise désormais la vie.
Cette membrane qui sépare l’intérieur de l’extérieur donne naissance à des processus chimiques qui vont transformer des éléments puisés à l’extérieur en énergie. L’échange entre la cellule et son environnement est possible du fait d’une propriété fondamentale de la vie : l’ouverture. La membrane n’est pas une frontière qui coupe la cellule de son environnement mais elle a pour fonction de prendre en charge l’échange entre le tout que constituent une cellule et son environnement. La photosynthèse en est un exemple, il est aisé de comprendre que la fermeture est synonyme de mort.
Un autre processus permet à la cellule de se multiplier, en fait elle se divise et donne naissance à deux cellules qui ont en commun certaines caractéristiques mais ne sont pas totalement identiques ; cette faculté de se reproduire est une autre caractéristique essentielle de la vie.
La vie est ainsi apparue, sous une forme très rudimentaire mais avec des facultés extraordinaires : se multiplier, se complexifier, s’adapter.
Par la suite, les cellules se sont multipliées ; elles sont rentrées en interaction et ont fait émerger des organismes multicellulaires. L’interaction entre les cellules se fait par des échanges d’informations, d’énergie, de matières et par des processus de coopération. Le phénomène d’interaction est une troisième caractéristique de la vie ; elle a été à l’origine des molécules complexes qui ont été enfermées dans la cellule, elle sera présente à toutes les étapes de l’aventure avec son corollaire, la complexification.
Au sein d’un organisme, les cellules vont se spécialiser et donneront naissance à des organes hautement sophistiqués, comme pour l’Humain, le foie, le cerveau, le cœur …. Nulle part n’était écrit un objectif à atteindre. Le hasard et les contraintes ont fait évoluer des molécules en cellules, certaines cellules en organismes multicellulaires, certains organismes multicellulaires en espèces vivantes (végétales ou animales) ; ces espèces vont ensuite se diversifier, l’Humain en sera un exemplaire. La science a découvert comment les informations étaient codées notamment dans l’ADN, mais nulle part il n’y a de programme global stocké et exécuté pour déterminer le processus qui mène de la cellule à l’être vivant. La complexité a été un prérequis à l’apparition de la vie, elle a accompagné son évolution pour en être définitivement un attribut immuable.
Les 9 mois d’une grossesse sont un raccourci saisissant de l’histoire de la vie longue de près de 3,8 milliards d’années. Au cours de cette période, on passe d’une cellule née de la fécondation à un petit Humain par multiplication et spécialisation des cellules (voir la vidéo ci-dessous).
Dans la longue histoire de la vie, à chaque étape, la nouvelle structure vivante s’auto-organise pour répondre aux messages reçus et aux contraintes de son environnement. Ce processus est mémorisé dans nos cellules, nous sommes un condensé de cette évolution en même temps qu’une étape dans une aventure extraordinaire et mystérieuse.
Après avoir décrit le processus qui a conduit à l’apparition de la vie dans son livre Aux sources de la vie, Eric Karsenty note « On voit bien d’où peuvent provenir les composants du tout. En revanche, comment le tout s’est mis à fonctionner en un système reste un mystère. »
Vidéo « 9 mois … un raccourci saisissant de l’histoire de la vie »
Éveiller ta curiosité
Pour ouvrir ton horizon, je veux évoquer l’interaction dans l’autre monde du vivant : le végétal.
L’échange d’informations et d’énergie entre les plantes elles-mêmes et avec leur environnement est aujourd’hui un phénomène reconnu. L’information stockée sous une forme chimique est révélée grâce à un processus d’activation des substances chimiques par des molécules. Une fois activées, ces substances chimiques sont le support d’une communication que l’on peut qualifier d’inconsciente.
Voici deux exemples :
Les plantes perçoivent le toucher comme par exemple la sensitive (mimosa pudica) dont les feuilles se rétractent dès qu’on les touche. Autre exemple, les hêtres modifient leur croissance pour s’adapter aux vents dominants afin d’éviter d’être arrachés.
Plus surprenant et plus proche de nos pratiques : dans les années 80 des chercheurs ont découvert que des acacias en Afrique du Sud ont développé en quelques heures des molécules anti digestives parce que les antilopes étaient trop envahissantes et menaçaient leur survie, des acacias situés à quelques mètres en ont fait autant. N’est-ce pas une preuve que les arbres communiquent entre eux et exploitent les informations pour s’adapter.
Cet exemple m’interroge sur la communication inconsciente entre les Humains.