Prédation

“Chaque fois que je suis sur le point d’abîmer une vie quelconque, il faut que je me pose clairement la question de savoir si c’est nécessaire.” Albert Schweitzer

“La prédation constitue d’abord pour un organisme une façon pratique de se nourrir, d’absorber de l’énergie pour fonctionner, en capturant ce qui passe à sa portée.” Eric Karsenti 

“La relation entre vie et mort n’est pas seulement antagoniste, ce qu’elle demeure, mais complémentaire..” Edgar Morin

“Tout révolté, par le seul mouvement qui le dresse face à l’oppresseur, plaide donc pour la vie.”  Albert Camus

« Vivre de mort, mourir de vie » Héraclite  


Pour toutes les formes de vie, animale ou végétale, entretenir une vie signifie toujours en abimer ou en faire disparaître d’autres, c’est l’acte de prédation. 

L’humain en tant qu’animal, est prédateur pour assurer sa “survie animale”, les proies en sont les autres animaux, les plantes, les ressources naturelles et l’espace.

En devenant un “être culturel”, l’humain a amplifié son statut de prédateur : pour vivre en conformité avec la civilisation qu’il a enfantée, il est devenu un ultra-prédateur. En effet, la consommation exacerbée de “l’humain civilisé” a fait que la prédation a franchi un seuil au delà duquel les effets ne sont plus seulement quantitatifs. Le niveau de destruction de la nature menace la nature elle-même et les équilibres qui ont permis le développement de la vie au cours des milliards d’années sont bouleversés. La vie elle-même est en danger.

L’activité de production-consommation ne peut plus être arbitrée par la seule logique monétaire car elle est prédatrice. L’affirmation du respect de la vie fournit une approche plus complète de toutes nos activités, qu’elles soient économiques, de loisirs  ou culturelles. Toutes ces activités sont consommatrices et donc destructrices de vies et doivent être régulées sur la base d’une balance “consolidation de la vie/consommation de vies”. 

S’il veut être digne de vivre, l’humain doit dire “non” à l’ultra-prédation de la vie et “oui” au respect de la vie. Cette révolte le conduira à faire évoluer en profondeur sa pensée mais surtout sa pratique de la vie. Elle commence d’abord par un changement individuel et peut se prolonger dans la société.

La société saura-t-elle entendre les leçons que la vie nous révèle, saura-t-elle trouver dans la pensée complexe et dans l’affirmation du respect de la vie, les ressources pour continuer l’histoire de la vie ?