“Toute chose étant aidée et aidante, causée et causante, et les plus éloignées étant liées de façon insensible, je tiens pour impossible de connaître la partie si je ne connais le tout, et de connaître le tout si je ne connais les parties.” Blaise Pascal
“La pensée complexe porte en elle la conscience que lorsqu’on isole un objet d’étude, qu’on le met dans une situation où il n’y a pas de contradictions, pas de liaisons avec les autres, alors cet isolement artificiel est préjudiciable à la connaissance. […] La complexité est un défi permanent à notre connaissance et à notre pensée.” Edgar Morin
“Quand je parle de complexité, je me réfère au sens latin élémentaire du mot ‘complexus : ce qui est tissé ensemble’. Les constituants sont différents, mais il faut voir comme dans une tapisserie la figure d’ensemble. Le vrai problème (de la réforme de la pensée) c’est que nous avons trop bien appris à séparer. Il vaut mieux apprendre à relier. Relier, c’est-à-dire pas seulement établir bout à bout une connexion, mais établir une connexion qui se fasse en boucle. Du reste, dans le mot relier, il y a le « re », c’est le retour de la boucle sur elle-même. Or la boucle est auto-productive.” Edgar Morin
“La circulation clandestine des concepts permet aux disciplines de se désasphyxier » Edgar Morin
“Est-ce une raison pour devenir un homme à préjugés plutôt qu’à paradoxes.” Régis Debray
“Tout ce qui est profond est également simple et peut s’exprimer en termes simples, pourvu que la relation avec la totalité du réel soit conservée.” Albert Schweitzer
Si nous voulons faire face à la complexité et ne pas la subir jusqu’à dédaigner notre “machine universelle à comprendre”, jusqu’à tomber dans les préjugés proposés par ceux qui veulent aliéner notre autonomie, il nous faut bousculer notre manière de penser. La complexité est un défi pour nos connaissances mais aussi un défi pour notre pensée autonome.
L’approche de la complexité développée au 20e siècle dans les domaines de la biologie, l’astrophysique et de l’information exigerait un développement bien plus conséquent qui n’a pas sa place ici.
Il faut retenir qu’elle en rupture avec l’analyse cartésienne qui d’une part préférait décomposer le tout en éléments plutôt que de chercher un sens au tout et qui d’autre part s’appuyait sur des déterminismes unidirectionnels en oubliant l’interdépendance.
Parce qu’elle donne un sens à un tout dont nous sommes partie prenante, l’affirmation du respect de la vie est en cohérence avec la pensée complexe. Ce sens peut se décliner au niveau de l’ensemble des composantes du tout, il nous conduit à arbitrer les antagonismes issus de la complexité voire à accepter les paradoxes nés de la complexité de la vie.
La complexité est encore plus perturbatrice lorsqu’elle est issue de l’interaction de deux notions opposées c’est le cas de l’interaction entre la vie et la mort. Dans son existence l’humain s’épuise, la vie conduit à la mort ; mais inversement la mort nourrit la vie. Le constat implacable que l’entretien d’une vie exige d’en abimer ou d’en détruire une autre (l’acte de prédation) met l’humain face à une ultra-complexité qui doit l’interroger fortement.
Liens : Prédation – Le mystère de la vie – L’apparition de l’intelligence – La complexité conduit au doute et à la révolte